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Histoire de l’église de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple

La création en 1928 à Paris de l’église de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple était directement liée aux activités de l’Action chrétienne des étudiants russes (ACER). « L’église du Mouvement » avait été créée au sein de la jeunesse dans l’idée d’amener cette jeunesse à l’église. Dans son livre « Le chemin de ma vie » le métropolite Euloge (Gueorguievsky) se souvenait de la création de cette paroisse dans les locaux de l’ACER boulevard du Montparnasse et de la nomination en tant que recteur de cette église d’un prêtre remarquable, le père Serge Tchetverikov. Après de grands travaux accomplis par les futurs paroissiens pour mener à bien la transformation de cette ancienne remise en église, celle-ci fut consacrée en l’honneur de la fête de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple, soulignant ainsi l’idée d’« écclésialisation de la vie » mise en œuvre au sein du Mouvement. Dès les premières années avait été instaurée une tradition de célébration quotidienne, puis fréquente des offices.

Lorsque en 1936 l’hôtel particulier du boulevard du Montparnasse fut vendu, l’ACER et la paroisse déménagèrent dans le 15è arrondissement de Paris, au 91 rue Olivier de Serres. De très nombreux émigrés russes vivaient alors dans le 15è arrondissement et travaillaient dans les usines Renault. L’archiprêtre Serge Tchetverikov (1867-1947) fut le recteur de l’église de la Présentation de 1928 à 1936 et considérait que les dix années de service qu’il y avait assumées avaient été les meilleures années de son sacerdoce notamment pour son activité pastorale en tant que directeur spirituel de l’ACER. A l’époque du père Serge, la paroisse se distinguait par une intense vie de prières : célébration quotidienne de la liturgie, office hebdomadaire en français, création d’une Fraternité qui regroupait dans la prière et dans le service au prochain les membres du Mouvement les plus zélés (cf. La fraternité près de l’église de la Présentation de l’ACER, Paris 1931). Cette fraternité devint le cœur du Mouvement, un centre actif qui mettait l’accent pas tant sur l’efficacité extérieure que sur l’appel à stimuler le développement intérieur de chacun dans la foi et dans l’amour. Le père Serge écrivait beaucoup : ses publications théologiques traitaient des thèmes bibliques, de l’Église, de la foi, de la vie des saints, de la vie monastique, du symbole de la foi, de la vie liturgique etc.

En 1937, le père Serge partit pour le monastère de Valaam en Finlande et ne put revenir à Paris suite à des événements politiques graves. Le père Victor Yourieff (1893-1966) fut nommé à sa place en juillet 1937 et resta à ce poste jusqu’en 1966. Ancien militaire ayant participé à la première guerre mondiale et à la guerre civile, ayant été évacué avec l’Armée Blanche à Gallipoli, il devint alors guerrier de la foi apportant en tant que prêtre une nourriture spirituelle aux émigrés russes durant la seconde guerre mondiale. Respectant les traditions liturgiques instaurées par le père Serge, le père Victor célébrait quotidiennement une liturgie, obligatoirement précédée d’un office la veille au soir. Son épouse I. K. Yourieff enseignait à l’école du jeudi, école qui avait accueilli cinquante, quatre- vingts et certaines années jusqu’à quatre-vingt-quinze élèves. Elle avait rédigé elle-même les manuels d’histoire, de littérature, de langue russe pour cette école.

Le fonctionnement du Mouvement avait été interrompu durant la période de la guerre 1939-1945 et toutes les activités de ses membres s’étaient concentrées sur l’église. En 1941 l’église de la Présentation devint un centre d’aide, destiné aux prisonniers de guerre russes et aux Russes déportés par les Allemands pour des travaux forcés sur les îles Anglo-Normandes. Le hiéromoine Sylvestre (Haruns, devenu par la suite archevêque dirigeant le diocèse duCanada de l’église orthodoxe américaine) avait reçu la bénédiction qui lui permettait de se consacrer à cette œuvre de charité. Le père Victor avait organisé avec le « Bureau d’aide » dirigé par S. M. Zernov des aides sociales pour les familles avec enfants et les orphelins. A la fin de la guerre l’église de la Présentation était devenue l’église de nombreux russes vivant dans le 15è arrondissement. En 1946, l’ACER et la paroisse ont du rassembler des fonds en urgence notamment en vendant des « petites briques » symboliques pour pouvoir acheter la maison où l’église se trouve encore aujourd’hui.

En 1942, Vassili Vassilievitch Zenkovsky( 1881-1962) qui était président de l’ACER, professeur à l’Institut de théologie St Serge, marguillier de l’église de la Présentation, avait été ordonné prêtre par le métropolite Euloge et nommé au poste de vicaire du recteur de l’église de la Présentation. Ils avaient officié avec le père Victor en totale unité d’âmes durant vingt ans. Remarquable prêcheur il était également un directeur spirituel exceptionnel. Le service sacerdotal du père Basile, nourri de connaissances scientifiques et culturelles, avait tracé une voie particulière dans l’histoire du pastorat orthodoxe. Cette voie de sacerdoce séculier et scientifique avait été suivie par la suite par de jeunes théologiens de l’Institut St Serge parmi lesquels Alexandre Schmemann, Ioann Meyendorff, Boris Bobrinskoy, Nicolas Koulomzine et d’autres. Le père Basile accordait une grande importance au rôle de la femme, considérant que la mission chrétienne n’était possible qu’avec la contribution des mères, des épouses et des sœurs. C’est ainsi que s’étant mis d’accord avec les enseignants de l’institut de théologie il avait organisé en 1949 les cours féminins de théologie dans une salle de l’église de la Présentation. Une centaine d’auditrices avait terminé ce cycle d’études, les cours ayant été dispensés durant vingt années. Le protopresbytre Basile Zenkovsky a laissé un riche héritage en tant que scientifique et en tant que théologien. Ses livres « Fondements de la philosophie chrétienne », « les Penseurs russes et l’Europe », « Histoire de la philosophie russe » entre autres ont été traduits en plusieurs langues.

Le père Igor Vernik (1911-1994) a officié à l’église de la Présentation durant trente huit années. Durant toutes ces années il a été un modèle d’humilité et de « simplicité de coeur » étant non seulement le directeur spirituel mais l’ami proche de nombreux paroissiens. Il avait fait un cycle d’études complet à l’Académie de théologie St Serge à Paris, il avait enseigné au Lycée russe, il avait enseigné le catéchisme au centre d’accueil pour les enfants russes de Montgeron, il avait travaillé avec L. A. Zander et avec le père Basile Zenkovsky pour le Mouvement. Il avait été également président de la commission diocésaine de contrôle des comptes et doyen des paroisses de la région parisienne. Dans les années 1980 le père Igor avait demandé au père Nicolas Rehbinder de prendre en charge la partie de la paroisse qui était passée au français. C’est ainsi que se forma une filiale, la nouvelle paroisse francophone de St Jean le Théologien.

L’église de la Présentation a eu à différentes époques pour recteurs et prêtres officiants les pères Serge Tchetverikov, Lev Liperovsky, Basile Zenkovsky, Victor Yourieff, Alexis Kniazeff, Georges Sérikoff, Pierre Tchesnakoff, Igor Vernik, Grégoire Svetchine, Nicolas Rehbinder, Alexis Struve, Vlasislav Trembovelsky, Daniel Cabagnols. Le recteur actuel de l’église est l’archiprêtre Iakov Rehbinder, l’archiprêtre Mikhaïl Cusnir concélèbre avec lui dans un esprit d’unité et de respect des traditions de l’église de la Présentation.

Les actions de bienfaisance ont toujours tenu une place particulière dans la vie de la paroisse. Dans les années 1930-1960, années les plus matériellement difficiles de l’émigration, la majeure partie de l’argent des quêtes avait été distribué aux personnes nécessiteuses. Cela incluait l’aide financière versée aux tuberculeux, aux prisonniers de guerre russes, aux personnes seules, aux invalides, aux prisonniers, aux familles nécessiteuses ; les bourses pour les camps d’été, les quêtes mensuelles pour distribuer des bourses aux étudiants de l’Institut de théologie, l’aide aux paroissiens âgés, l’aide à la restauration des monastères et des églises, les quêtes pour pouvoir enterrer les pauvres, l’aide au fonds Nansen, au foyer de jeunes filles et jeunes femmes… Une association féminine d’entraide avait été fondée en 1949 à l’initiative de V. A. Zander. Des tours de garde avaient été organisés à l’église pour assurer la distribution de vêtements, de chaussures et d’aide financière aux émigrés de la première et de la seconde vague, des quêtes permettaient d’offrir des cadeaux à l’occasion de la fête de la Résurrection aux nécessiteux et aux pensionnaires des maisons de retraite, des concerte de bienfaisance étaient organisés.

Le premier chef de chœur de l’église de la Présentation avait été Th. G. Spassky, qui avait imposé un style de chant inspiré en partie par le répertoire de l’Institut de théologie saint Serge. En 1968 O. N. Lavroff avait pris la direction du chœur, qu’il continue à diriger aujourd’hui. Beaucoup de chefs de chœur et de chantres se sont succédés à l’église de la Présentation : il y eut Th. G. Spassky, Z. Sérikoff, A. Sérikoff, E. A. Ostakhnovitch, T. I. Smolensky, A. Kirianenko, M. Davidenkoff, M. A. Zimine, S. M. Zimine, N. A. Rehbinder, A. Castillon, A. M. Lebedeff, N. N. Lebedeff, K. Tchalaev. Le chœur avait toujours chanté et chante bénévolement. L’année du Millénaire du baptême de la Russie O. N. Lavroff avait créé un grand chœur, qui donne des concerts dans les églises catholiques et protestantes.

L’iconographie de l’église de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple. La première église boulevard du Montparnasse avait été installée en un temps record – 3 jours (cf. le Messager de l’ACER en 1929 l’article du p. S. Tchetverikoff). Les frères Kovalevsky avaient fabriqué une iconostase, accroché les icônes de la Très Sainte Mère de Dieu, des saints Serge de Radonège et Séraphin de Sarov provenant de l’iconostase de campagne servant lors des congrès de l’ACER. Les icônes du Sauveur et de la Mère de Dieu peintes par sœur Jeanne (Reitlinger) avaient également trouvé leur place. Puis nombre d’icônes furent offertes (celles de st Séraphin de Sarov, de st Nicolas le Thaumaturge, de l’Intercession de la Vierge, de la Résurrection du Christ…), d’autres commandées à G. V. Morozov, paroissien et peintre d’icônes. L’église a été décorée par de nombreux iconographes de l’émigration parmi lesquels : T. V. Eltchaninoff, G. V. Morozov, sœur Jeanne (Reitlinger), E. S. Lvoff, I. A. Kuleff, S. Tchekounoff, G. Lapierre, M. Struve, E. Ozoline, N. Spassky, E. Lefoulon-Eltchaninoff, N. Tchernetsky, N. Pampouloff, O. Platonova, O. Oustinov. La peinture murale de sœur Jeanne (Reitlinger) « Ö Pleine de grâces, en toi se réjouit toute la création ! » qui se trouve derrière l’autel mérite une explication particulière : ce sujet n’a pas été choisi au hasard : l’église avait été bénie en l’honneur de la fête de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple et cette icône témoignait à l’évidence de l’aspiration vers Dieu de toute la création, allant des anges jusqu’à « tout ce qui respire sur terre ». Le renouvellement des icônes est permanent, il est complété par les icônes des peintres contemporains, comme l’icône « Le Miracle de l’Archange Michel à Khoni », les icônes de saint Clément pape de Rome, avec une partie de ses reliques, de la sainte martyre Elisabeth grande-duchesse de Russie, du saint père Alexis Metchev, des saints Germain et Sabbas des Solovki, de saint Silouane de l’Athos, des saints nouvellement canonisés représentatifs de l’émigration russe – sainte Mère Marie (Skobtsov), saint père Dimitri (Klépinine), saint père Alexis (Medvedkov), martyr sous-diacre Georges (Skobtsov), martyr Ilya- Elie (Fondaminsky), l’icône des saints nouveaux martyrs de Russie, l’icône « Ne pleure pas, ô Mère, en voyant dans le tombeau ton fils », l’icône de saint Jean de Shanghai et de San Francisco avec ses compartiments et d’autres icônes.

L’école russe du jeudi. Une école paroissiale et un jardin d’enfants ont fonctionné de nombreuses années auprès de l’église de la Présentation dans le but de conserver chez les enfants l’amour de la culture russe, des traditions, de l’histoire. La participation active des enfants et des adolescents aux liturgies avait toujours fait partie des traditions de la paroisse, que ce soit en tant que servants de messe, en tant que lecteurs à l’église ou chanteurs dans la chorale, en venant aider à décorer l’église pour les fêtes – particulièrement à l’occasion de Pâques – ou en aidant à préparer le vin de messe, le café après la liturgie. En 1998 il fut décidé de fermer l’école russe, tout en gardant l’enseignement du catéchisme le dimanche aux enfants de 4 à 17 ans. Ils apprennent l’Ancien et le Nouveau Testament, l’année liturgique, la vie des saints, le slavon, le chant choral. Et les paroissiens se regroupent pour organiser chaque année un arbre de Noël, dont le succès ne se dément pas, tant auprès des enfants que des parents, réunissant les paroissiens de tous âges autour de l’Enfant Christ. Il y a toujours eu de nombreux cercles et communautés auprès de la paroisse. En 1949 il y eut 9 cercles d’études de l’Evangile, de la liturgique et de la théologie, plus tard apparut un cercle littéraire, un « cercle salé » (dont les membres lisaient et critiquaient leurs propres œuvres), un cercle d’études de la Russie, un cercle de culture ruse, un cercle de cours d’iconographie, un cercle des partisans de l’Etat orthodoxe, des cercles d’études de la Russie moderne, de la pensée russe, des Pères de l’Eglise, de l’oécuménisme, un cercle d’études de l’Orthodoxie en français et d’autres. Il y avait des lectures publiques sur des sujets théologiques, littéraires, artistiques, sur la pédagogie. Aujourd’hui l’activité des cercles a fortement baissé, mais elle n’a pas totalement disparu : les cours de catéchèse pour adultes ont repris, avec lecture des Ecritures saintes et des discussions sur les problèmes de la vie ordinaire à la lumière de la révélation des Evangiles, O. Platonova a ouvert un cours d’iconographie. 

Les paroissiens de l’église de la Présentation avaient toujours eu pour particularité d’adopter une position ecclésiale active et faire preuve d’un grand dévouement– c’est sans doute pour cela que cette église était appelée du « mouvement ». Cela se voyait à l’activité des différentes communautés, aux actions de bienfaisance, au nombre et à l’étendue des activités des cercles. En 1928 M. V. Lavroff-Zernov avait été la première marguillière de l’église de la Présentation, rapidement remplacée par V. V. Zenkovsky. A. A. Terentieff, E. A. Sélivanoff, A.V. Malama, S. V. Eltchaninoff, N. V. Fried, qui est la marguillière actuelle, ont pris leur suite. Tous nos marguilliers accomplissaient leur mission avec humilité et un grand dévouement et avaient en commun un étonnant talent de pacificateur.

Parmi les personnalités éminentes qui avaient fréquenté l’église de la Présentation nous pouvons citer la théologienne M. I. Lot-Borodine, l’écrivain B. K. Zaïtsev, I. A. Krivochéïne, le poète V. A. Smolensky, le peintre I. A. Kuleff, l’éditeur N. A. Struve, C. A. Eltchaninoff, enseignant et militant religieux, N. K. Rausch, professeur honoraire à l’université René-Descartes, N. E. Gorbanevskaya poétesse et figure de la dissidence soviétique.

La paroisse réunit aujourd’hui les représentants de toutes les vagues de l’émigration. La paroisse a édité deux livres, un en russe et un en français sur son histoire. On peut les trouver à la paroisse même.