Pendant l’occupation allemande, l’ACER dut cesser son activité légale. Trois personnes parmi ses membres furent nommées « administrateurs », les biens de l’Association leur furent confiés et toute l’activité possible dans les conditions de l’époque fut concentrée à l’église de la Présentation au nom de laquelle étaient organisées les réunions qui ne pouvaient se tenir qu’avec l’autorisation des autorités occupantes.
En 1941, des prisonniers russes commencèrent à arriver dans les îles anglo-normande, puis, on y amena de Russie des ouvriers pour travailler. La plupart du temps, ils vivaient dans des conditions très pénibles à cause de l’absence d’hygiène et du manque de nourriture. Le hiéromoine Sylvestre (Kharoun), devenu plus tard l’évêque en charge du diocèse du Canada, se chargea de l’aide qu’il fallait apporter à ces malheureux. Le métropolite Euloge lui donna la bénédiction lui permettant de quitter sa paroisse de Belfort afin de se consacrer à cette nouvelle œuvre de charité, si indispensable. L’église de la Présentation devint le centre d’où le père Sylvestre envoyait des appels aux personnes susceptibles de venir en aide à ces Russes condamnés à une mort lente, le lieu où affluaient les moyens et d’où partaient les secours, uniquement matériels dans un premier temps. L’aide spirituelle fut apportée par le père Sylvestre lui-même qui faisait de longs séjours sur les îles anglo-normandes, apportant aux prisonniers et aux travailleurs la nourriture spirituelle dont ils avaient besoin. Mais cette activité dut cesser lorsque le père Sylvestre fut dénoncé et arrêté par les autorités allemandes ; il resta six semaines emprisonné dans une cellule. Lorsqu’il fut libéré, Dieu merci, il ne fut plus soumis à de nouvelles poursuites.
En 1943, Vsévolod G. Dounaïev, qui avait terminé ses études à l’Institut de Théologie, assura les fonctions de lecteur et de chantre, les jours de semaine. En 1952, V.G. Dounaïev fut ordonné diacre et servit à l’église de la Présentation.
Après la guerre, par la force des choses et étant donnée sa situation géographique, l’église de l’ACER devint église paroissiale, elle desservait de nombreux orthodoxes habitant le XVe arrondissement de Paris et ses environs.
1946 fut une année difficile dans la vie de l’ACER et de son église. Le propriétaire de la maison où elles étaient installées depuis plus de dix ans proposa le choix suivant : ou bien acquérir la maison en toute propriété ou la quitter. Il fallut, bien entendu, accepter la première proposition et se mettre à rassembler des fonds. On partait de zéro et l’on dut compter sur une réponse favorable, non seulement de la part des habitués permanents de l’église mais aussi de la part des sympathisants. Les réponses furent nombreuses et les dons commencèrent à arriver, mais le prix de la maison, pour l’époque, était assez élevé (1 400 000 francs) et le propriétaire était pressé de conclure l’affaire. Dans ce moment difficile, intervint l’archimandrite Méthode : il connaissait un donateur qui offrit une grosse somme et désira garder l’anonymat. Avec l’aide de Dieu et la générosité de nombreux donateurs, la maison fut achetée. Lorsque disparut la menace d’expulsion (que connaissaient plusieurs églises russes de Paris) ce fut un soulagement pour ceux qui étaient responsables de l’église et du Mouvement
Le 29 avril 1946, le hiéromoine Serge, ancien recteur de l’église de la Présentation, s’éteignit à Bratislava dans la famille de son fils, où il avait trouvé refuge après la dévastation du monastère de Valaam et le retour à l’URSS de la partie de la Finlande dans laquelle il se trouvait. Il était resté jusqu’à la fin de ses jours le guide spirituel du Mouvement.
En 1959, le père Igor Vernik fit également partie du clergé de la paroisse ; si l’on considère que le doyen de l’Institut de Théologie, le père Alexis Kniaziev et le père Georges Sérikov participaient aux célébrations, on voit que quatre prêtres et un diacre, tous anciens de Saint-Serge, participaient constamment à la vie de prière de l’église de la Présentation.
Le 5 août 1962, Le Mouvement et son église subirent une lourde perte : le père Basile Zenkovski, qui était devenu le guide spirituel du Mouvement après la mort du père Serge Tchitvérikov et prenait une part active à la vie de la paroisse, mourut à son tour. La personnalité du père Basile Zenkovski, ses activités scientifiques et pastorales trouveront, à n’en pas douter, le biographe à qui reviendra la tâche de découvrir toute la richesse de l’héritage laissé par le père Basile.
On ne saurait terminer ce bref aperçu sans mentionner trois institutions étroitement liées à la vie de la paroisse :
- La chorale d’où sont sortis plusieurs chefs de chœur.
- L’école du jeudi dans laquelle, chaque année, près de cent enfants étudiaient les matières des écoles secondaires russes et terminaient l’année par des examens.
- L’association féminine d’entraide qui prenait soin des paroissiens nécessiteux et aussi des Russes dans le besoin qui avaient recours à elle. |